← Voie SC Synthèse de l'état des connaissances à propos de l'administration sous-cutanée de la ceftriaxone (Rocephine*)
Résumé des caractéristiques du produit (RCP)
Le RCP préconiste une administration par voie intraveineuse ou intramusculaire. La voie sous-cutanée n'est pas proposée dans le RCP.
Littérature scientifique : efficacité
Le développement initial par le laboratoire Roche avait validé que le pic de concentration initiale est plus bas par voie sous-cutanée mais que l'aire sous courbe qui traduit l'efficacité de cette bêtalactamine reste suffisante. Les études les plus récentes chez des patients âgés de plus de 75 ans confirme l'efficacité équivalente par voie sous-cutanée et intraveineuse (2024-1 2024-2).
Littérature scientifique : sécurité
A l’époque du développement initial, était proposé l’usage du solvant à la lidocaïne en sous-cutanée directe en respectant scrupuleusement les contre-indications à la lidocaïne (allergie, arythmie, jeune enfant...). L'injection directe sous-cutanée avec lidocaïne soupçonnée de favoriser la toxicité locale est dorénavant déconseillée. Il est relevé fréquemment les effets indésirables bénins de la voie sous-cutanée à type de douleur ou inflammation. Même sans lidocaïne et dès la posologie de 1g, des cas sont rapportés de nécrose cutanée, rares mais graves jusqu'à nécessiter une intervention chirurgicale, essentiellement chez des patients âgés (2023). Ces cas de nécrose sont attribués à une injection trop rapide (sous-cutanée directe) et confirment qu'il est indispensable que la perfusion-sous-cutanée soit lente, en 30 à 60 minutes.
Mise au point de l'ansm en 2024
L'agence de sécurité des médicaments (ansm) précise "En l’absence de données d’efficacité suffisantes pour justifier une administration par voie sous-cutanée (SC), l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) a décidé fin 2014 de restreindre l’administration des spécialités à base de ceftriaxone aux voies intraveineuse (IV) et intramusculaire (IM). Néanmoins dans certaines situations, le clinicien peut juger indispensable l’administration de la ceftriaxone par voie sous-cutanée au regard du rapport bénéfice/risque pour son patient et sous réserve d’en informer ce dernier ou sa famille. Pour rappel, lors de l’utilisation des antibiotiques par voie sous-cutanée, des effets indésirables peuvent survenir. Ce sont essentiellement des réactions au site d’injection, de type érythème, rash, douleurs, œdèmes ou dans de rares cas, des nécroses."
Conclusion des auteurs et attitude pratique proposée
On constate que la ceftriaxone est l'antibiotique le plus utilisé par voie sous-cutanée (2025) et le mieux étudié. Il est admis que cette pratique serait acceptable en dernière intention, quand la voie intraveineuse ou intramusculaire est impossible, et en gardant à l'esprit le risque de nécrose cutanée grave quand les précautions d'emploi de la voie sous-cutanée ne sont pas respectées. En pratique, il semble possible d'utiliser la ceftriaxone par voie sous-cutanée avec prudence en solubilisant la poudre à raison de 1g par 10mL d'eau-ppi ou chlorure de sodium 0,9%, en diluant ensuite suffisamment la solution concentrée 1g/10mL, par exemple dans une poche de 50mL ou 100mL de chlorure de sodium 0,9%, en administrant lentement la solution diluée, par exemple en perfusion sous-cutanée de 30 à 60 minutes, en changeant de site à chaque injection. Le solvant à la xylocaïne n'est pas recommandé pour une administration en perfusion sous-cutanée.